Journée eau : parlons climat
Pour conclure une année d’activité du Réseau Eau dominée par la participation à la consultation sur les SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux), une journée d’échanges était organisée sur le thème de la protection des ressources en eau dans un contexte de changement climatique.
La réflexion était orientée par le sous-titre : quels défis pour l’agriculture et la sylviculture. Pour aborder ces questions, nous avions invité des intervenants experts sur les thèmes du changement climatique (agence de l’eau Loire-Bretagne), de l’agro-écologie (France Nature Environnement), de la conduite de l’irrigation (Chambre régionale d’agriculture), des sols (INRAE : institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et de la forêt (ONF : office national des forets).
Nous souhaitions savoir également si le futur SDAGE du bassin Loire-Bretagne était adapté aux enjeux d’atteinte du bon état des masses d’eau. Gilles DEGUET, membre du Réseau Eau de notre fédération et élu au Comité de bassin Loire-Bretagne, nous a fait part de son scepticisme sur l’atteinte du bon état des masses d’eau en soulignant que la politique de gestion de l’eau dépendait aussi d’autres politiques telle que la Politique Agricole Commune (PAC). Il a montré que le « Varenne de l’eau » n’était pas conforme aux orientations des Assises de l’eau qui préconisaient des objectifs de réduction des prélèvements pour 2027 puis 2035.
Marie-Catherine SCHUTZ-VANNAXAY (France nature environnement) a traité des fausses solutions actuellement mises en œuvre (les bassines, les OGM, les cultures énergétiques) et de la nécessité de promouvoir les synergies entre l’eau, les sols, l’air et la biodiversité. Elle a souligné la possibilité pour l’agriculture de développer les puits de carbone et la nécessité de créer les filières qui permettront de développer les cultures à bas niveau d’intrants. Enfin, elle a affirmé que l’élevage avait un rôle à jouer pour répondre aux enjeux de fertilisation à condition qu’il garde un lien direct avec le sol.
Isabelle COUSIN (INRAE) a brillamment expliqué la notion de Réservoir en Eau Utilisable et répondu à des questions sur le rôle de la matière organique, la charge en cailloux et le travail du sol dans le remplissage du « réservoir ».
Benoît GARNIER (ONF) a souligné le rôle de stockage du carbone par la forêt et la présence de 120 captages d’eau potable dans les forêts gérées par l’ONF. La forêt est un système robuste pour la protection des ressources en eau à condition que l’on protège les sols, que l’on n’utilise pas de pesticides et que l’on développe la biodiversité forestière. Son intervention a permis de faire le point sur les conclusions de la thèse de Monsieur AL DOMANY sur l’évaporation et le bilan hydrologique des étangs pelliculaires. Madame COUSIN a précisé qu’il était normal que l’évapotranspiration d’une forêt soit supérieure à l’évaporation d’un plan d’eau et qu’il fallait tenir compte des autres « services » remplis par la forêt notamment la réalimentation des nappes souterraines.
Samuel SENAVE (Président FNE CVL) a conclu la journée en saluant l’intérêt des contributions présentées et la qualité des interventions du public. Notre fédération est engagée sur tous les thèmes de protection et de restauration de la qualité des eaux souterraines et des eaux de surface. Face à des enjeux cruciaux pour notre avenir et celui du milieu naturel, il a souhaité que ces journées d’échanges se poursuivent et permettent de développer les connaissances et les échanges entre tous les intéressés qu’ils soient scientifiques, professionnels ou associatifs.