RD921 : la MRAE temporise, le CD45 force le passage
Pourquoi la lutte contre la déviation de la RD921, appelée plus communément le nouveau pont de Mardié, dure-t-elle depuis plus de 25 ans ? Parce qu’elle impacte de manière irréversible des zones naturelles faisant l’objet de protections environnementales fortes : NATURA 2000 – directives oiseaux et habitats, ZNIEFF (Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique) et ZICO (Zone importante pour la conservation des oiseaux). Ce pont était déjà un écocide à l’époque, il l’est encore plus aujourd’hui.
L’autorisation environnementale auquel doit se soumettre la préfecture lorsqu’elle accorde un projet avait malheureusement été confiée en 2016 à la Direction régionale pour l’environnement, l’aménagement et le logement (DREAL) qui est en fait elle-même dépendante de la préfecture. Celle-ci se retrouvait alors, par le biais de ses différents services, juge et partie de son autorisation. Suite à nos actions en justice, le tribunal administratif d’Orléans a demandé en avril 2021 qu’un nouvel avis environnement soit rendu par une entité cette fois totalement indépendante de la préfecture. C’est ce qu’a fait, en décembre 2021, la Mission régionale d’autorité environnementale (MRAe). Celui-ci est bien moins favorable au projet, il pointe du doigt le parti pris quant à l’opportunité d’un tel projet :
« [C’est un choix] qui s’inscrit dans une vision de l’avenir calquée sur le présent : place prépondérante de l’automobile dans les déplacements, croissance ininterrompue de l’usage de la voiture, y compris pour les déplacements de courte distance ; développement de la société de consommation, avec notamment le e-commerce ; étalement urbain important malgré les efforts pour le limiter, etc. Il aurait été utile de s’interroger sur une autre vision possible, en anticipant les mutations de la société à venir dans un contexte de changement climatique et d’évolutions des mobilités et des transports de marchandises ».
Cependant, pour le Conseil Départemental du Loiret, pas question de renoncer. Pour Hervé GAURAT, vice-président en charge des Mobilités et de l’Aménagement du territoire «mordicus, ça se fera».
La déviation : réponse inadaptée à l’urgence écologique
Un tel projet encourage donc la population et l’organisation des flux marchands à perpétuer le développement des mobilités habituelles (motorisées et thermiques), renforçant leur caractère normal et inéluctable dans les comportements individuels et modèles de développement économique. Il participe également à l’étalement urbain en plaçant la voiture une nouvelle fois au cœur de l’urbanisme. Nous sommes cependant à l’heure urgente où les communautés d’experts mondiaux (GIEC et IPBES) appellent expressément à des changements de paradigmes globaux. Ce projet peut-il raisonnablement être encore d’utilité publique ? Nous sommes convaincus du contraire.