France Nature Environnement Centre-Val de Loire est résolument engagée dans la transition énergétique qui repose sur 3 piliers : mettre l’accent sur la sobriété et l’efficacité énergétiques et tourner le dos aux énergies fissibles et fossiles grâce aux énergies renouvelables.
les enjeux des éoliennes en france
Dans un contexte de raréfaction des ressources, de changements climatiques et d’érosion de la biodiversité, notre manière de produire et de consommer de l’énergie doit changer. Si la réduction de nos consommations reste la priorité, elle doit s’accompagner d’une diversification et d’une décentralisation du mix énergétique.
L’énergie éolienne, en tant qu’énergie renouvelable, contribue à l’indépendance énergétique de la France en se substituant aux matières fissibles et fossiles importées. Elle permet également aux acteurs locaux de se réapproprier les questions énergétiques sur leur territoire par le biais de procédés participatifs (concertation, gouvernance, outils financiers). Elle contribue par ailleurs à la dynamisation des territoires, par exemple au travers les retombées fiscales, l’emploi et les possibilités d’investissement participatif. L’énergie éolienne émet beaucoup moins de CO2 que les énergies fossiles, ou même nucléaire, avec un taux d’émission de CO2 équivalent à 12.7 g/KWh, (cycle complet montage production d’énergie), qui reste faible par rapport à celui du mix énergétique français estimé à 82 g/KWh en 2014. Elle ne produit pas de déchets dangereux et en fin de vie la gestion des matériaux est maitrisée. Les principales ressources utilisées pour construire les éoliennes (béton et acier pour 95% de la masse d’une éolienne) sont recyclées dans des filières déjà existantes. Les terres rares ne sont présentes que dans la composition des aimants permanents utilisés par seulement 6.2 % du parc éolien terrestre. Cette part est amenée à décroître.
Enfin, la durée de vie d’une éolienne est en moyenne de 20 à 30 ans. Il est important de noter qu’une éolienne a un temps de retour énergétique de 12 mois, c’est-à-dire qu’en 12 mois elle aura remboursé l’énergie consommée au cours de sa vie (nécessaire à sa fabrication, son utilisation et son démantèlement). Les éoliennes bien que peu émettrices de CO2 peuvent avoir d’autres impacts environnementaux à la fois sur le paysage, le bruit, la luminosité et sur le fonctionnement des écosystèmes ainsi que sur la biodiversité. Leur implantation et leurs modalités de fonctionnement nécessitent une vigilance particulière pour éviter les risques s’y afférant.
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propositions
La position de France Nature Environnement Centre-Val de Loire sur l’énergie éolienne
FNE Centre-Val de Loire ne s’oppose pas au développement de l’énergie éolienne si ses recommandations sont respectées. Outre le respect de la règlementation en vigueur, l’application de mesures adaptées pour l’ensemble des projets, quels qu’ils soient, doit être mise en place pour éviter les conséquences néfastes sur les milieux naturels et la biodiversité.
1. Sobriété énergétique
La sobriété énergétique avant la production énergétique, via l’énergie éolienne ou toutes autres formes d’énergies, est le prérequis à toute réflexion sur nos modes de production d’électricité. L’énergie éolienne étant variable dans le temps, elle doit être utilisée en complément d’autres sources d’énergie dans le cadre d’un mix énergétique qui privilégie les énergies renouvelables. FNE Centre-Val de Loire estime qu’il est nécessaire de développer et mettre en place toutes les solutions technologiques permettant de stocker cette énergie (directement ou indirectement) afin de réduire l’impact de l’intermittence de cette énergie.
2. Concertation au cas par cas
La première action à mettre en oeuvre lors de la mise en place de tout projet éolien est de monter un groupe de concertation avec l’ensemble des parties prenantes (élus, porteurs de projets, riverains, fournisseurs d’énergies, associations de protection de la nature…). Ce collectif permettrait notamment de donner un avis pertinent sur un lieu d’implantation d’un parc éolien. Même si les marges de manoeuvre paraissent faibles, elles sont réelles : nombre de machines, axes d’organisation, hauteur des mâts, dimension des pales, nuisances sonores et intégration dans le paysage par exemple.
3. Concertation régionale collective
FNE Centre-Val de Loire considère que le schéma éolien régional doit être retravaillé. À une échelle plus locale une concertation doit être réalisée pour chaque projet. Des documents d’urbanismes tels que les SCOT (Schéma de cohérence territoriale) ou les PLU/PLUi/PLUm (Plan locaux d’urbanisme communaux, intercommunaux ou 18métropolitains) pourraient reprendre des dispositions en 19 ce sens.
4. Choix des matériaux pour la conception des éoliennes
Une vigilance particulière doit être apportée à l’utilisation des matériaux, et notamment des terres rares, dans la conception des éoliennes. La technologie des générateurs à aimants permanents qui fait appel aux terres rares n’est présente que dans 6.2 % du parc éolien français. Malgré l’amélioration de rendement, la réduction du poids et des besoins de maintenance, afin d’éviter la dépendance aux terres rares, FNE Centre-Val de Loire se positionne contre les technologies à aimants permanents.
5. Recyclage des éléments constitutifs des éoliennes
La filière du recyclage des éoliennes et notamment des pâles n’est pas suffisamment développée à l’heure actuelle, notamment pour les pâles constituées de matériaux en composites à base de fibre de verre ou de carbone. FNE Centre-Val de Loire estime qu’une réflexion collective doit être mise en œuvre pour chercher des solutions de recyclages à ces éléments à l’échelle nationale voire européenne. Des établissements de formation, (Polytech Orléans par exemple), devraient être incités à intégrer dans leurs programmes des modules de formation sur le recyclage, le réemploi et la récupération des pâles.
6. Implantation des parcs éoliens
FNE Centre-Val de Loire recommande de se tenir éloigné des sites naturels remarquables comme les sites Natura 2000, les ZPS désignées pour les oiseaux, les ZNIEFF de type I concernées par les chauves-souris, les couloirs de migration, les corridors biologiques et les zones humides. L’association demande également qu’aucun projet ne soit réalisé à moins de 1 000 mètres de milieux forestiers. En effet, des études mettent en évidence un fort impact négatif de la présence d’éoliennes sur la fréquentation des haies par les chauves-souris jusqu’à une distance minimale de 1 000 mètres autour de l’éolienne, engendrant ainsi d’importantes pertes d’habitats et une mortalité conséquente pour ces animaux. Or, en France, un nombre important d’éoliennes est implanté à moins de 200 mètres d’une lisière arborée (haie ou forêt), cette distance constituant une recommandation européenne. Cette décision permettrait d’optimiser l’évitement d’une partie des impacts sur les chauves-souris.
7. Disposition des parcs éoliens
FNE Centre-Val de Loire considère que les éoliennes doivent être disposées en ligne. Les implantations en X, en L ou en Y (effet entonnoir) doivent être exclues. Cependant, disposer les éoliennes en ligne n’est pas suffisant. Pour ne pas perturber les flux migratoires, il est nécessaire que l’axe du parc éolien soit parallèle à l’axe de migration. La généralisation des études radars permettrait de réduire la mortalité des espèces migratoires. S’il est prévu plusieurs rangées d’éoliennes, des couloirs de vols doivent être aménagés entre elles. Des éoliennes présentant un bilan significatif de collisions doivent être systématiquement bridées ou mises hors service lors des périodes sensibles à la présence de la faune volante.
8. Inventaire de la biodiversité sur les sites d’exploitations
Avant toute implantation de parc éolien, FNE Centre-Val de Loire souhaite qu’un inventaire de la biodiversité soit réalisé quel que soit le statut réglementaire du projet (déclaration et autorisation). Il doit présenter et cartographier avec précision les habitats naturels présents, les stations d’espèces végétales patrimoniales recensées, l’ensemble de la faune patrimoniale présente, ainsi que les sites de reproduction et aires de repos. L’inventaire doit décrire les fonctionnalités écologiques du site, notamment les couloirs de migration et les continuités écologiques.
9. Réduction de l’impact des parcs éoliens sur la faune volante
FNE Centre-Val de Loire souhaite éviter au maximum l’impact des parcs éoliens sur la mortalité de la faune volante. Il est urgent que l’ensemble des éoliennes françaises soient régulées aux périodes les plus dangereuses pour les chauves-souris et les oiseaux, notamment par le bridage comme c’est le cas dans certains pays voisins (Allemagne, Suisse, par exemple). Certes, ces dispositions permettent de réduire la mortalité sans malheureusement l’empêcher totalement ce qui inquiète fortement notre fédération. Les parcs doivent être dotés de systèmes permettant d’éviter cette mortalité. Des mesures d’effarouchements, la mise en drapeau des éoliennes, des caméras, des radars à détection, des systèmes d’imagerie thermiques, des détecteurs acoustiques, des détecteurs de brouillard, des capteurs à ultrasons ou encore l’arrêt des machines pendant les périodes d’activité des chauves-souris sont autant de dispositifs à intégrer aux parc éoliens pour permettre de protéger la faune volante sur tous les parcs. FNE Centre-Val de Loire propose également la réalisation d’une étude locale sur l’effet des pales noires sur la mortalité des oiseaux en région.
10. Réduction de l’attractivité des parcs éoliens pour la faune
FNE Centre-Val de Loire considère que des mesures doivent être prises pour réduire l’attractivité des sites pour la faune. Les postes de livraison et les nacelles doivent être conçus et entretenus de manière à ne pas être utilisés comme gîtes ou reposoirs. L’éclairage ne doit pas être continu en dehors de l’éclairage imposé réglementairement. Si des mesures de compensations venaient à être prises elles doivent se situer en dehors de la zone d’influence des parcs éoliens.
11. La question des éoliennes à faible garde au sol
De nouvelles machines apparaissent aujourd’hui en présentant une faible, voire très faible « garde au sol ». Les pales de ces nouvelles machines descendent en dessous de 30 mètres, et voire jusqu’à 10 mètres du sol. Ces nouveaux systèmes ont un impact encore plus important sur les populations de chauves-souris que les éoliennes « classiques » dont la base des pâles est généralement comprise entre 30 et 50 mètres du sol. FNE Centre-Val de Loire est résolument contre les éoliennes dont la garde au sol est inférieure à 30 mètres.
12. Mise en place d’un suivi environnemental des sites existants
D’après la réglementation française actuelle, l’exploitant doit mettre en place un suivi environnemental permettant notamment d’estimer la mortalité de l’avifaune et des chauves-souris due à la présence des aérogénérateurs « Au moins une fois au cours des trois premières années de fonctionnement de l’installation puis une fois tous les dix ans ». FNE Centre-Val de Loire souhaite que ce suivi soit réalisé tous les deux ans à partir de la mise en fonctionnement de chaque parc éolien. En cas d’alerte, une étude plus approfondie devrait être réalisée sur la base d’un suivi avec plusieurs observations. Si ce suivi venait à identifier une mortalité importante, une intervention devrait être réalisée sur le parc afin d’engager une réflexion générale sur celui-ci. Ce suivi devra être réalisé par une association/un organisme local(e) et indépendant(e), la prise en charge de l’opération devrait être effectuée par l’exploitant.
13. Compensation écologique
FNE Centre-Val de Loire considère que lors de toute nouvelle implantation de parcs éoliens, le processus ERC (éviter, réduire, compenser) doit être scrupuleusement respecté dans l’ordre énoncé sous peine de ne pas atteindre les objectifs de faible impact. Quel que soit le résultat de l’étude d’impact pour un nouveau projet ou lors de travaux 2425 de réaménagement d’un parc existant, FNE Centre-Val de Loire souhaite qu’en plus des compensations agricoles attenantes au projet (décret 2016-119 du 31 aout 2016), une compensation écologique soit dédiée à la restauration des milieux naturels (agroforesterie, plantations de haies, restauration de mares…). En ce sens, FNE Centre-Val de Loire demande qu’un fonds soit constitué en région pour promouvoir les infrastructures agro-écologiques permettant une compensation écologique à tout projet éolien.